Autres Oeuvres

[Retour au sommaire]

Préface

25 ans d'amitié avec Henri Rode, durant lesquels il m'a relaté sa vie. Et puis son départ, le 19 avril 2004. Il était né, le 9 octobre 1917, à Avignon. Henri Rode, l'ami m'avait raconté et me racontait encore, l'étonnante histoire qui le lia à Marcel Jouhandeau et à Robert Coquet : un amour parfait.

M'ayant donné, depuis longtemps, la correspondance que Marcel Jouhandeau lui adressait et celle que Marcel adressait à Robert, je savais qu'Henri avait un but qui se précisait au fur et à mesure de nos discussions passionnées. Avec les dédicaces successives de ses livres, petit à petit Henri, précisait le voeu. Ne m'écrivait-il pas, le 6 mars 2003, en m'offrant l'exemplaire numéro 1 de « Les Passionnés Modestes », paru le 21 septembre 1953, chez Corrêa Buchet et Chastel :

« A Didier Mansuy Très amicalement. J'ai voulu, avec ces « Passionnés » faire un roman à l'état pur, dont le héros serait à des lieux de ma personne – malgré les quelques présences à clé qui le hantent. Il me semble aujourd'hui avoir construit un château de glace, où chacun court à la rencontre de son reflet. Mensonge ? Vérité ? Faux-semblants ? Chacun porte un masque sous la tutelle de l'inaccessible Juliette1 qui fait de son autonomie sa seule joie.

Bon vent pour vos dépaysements égyptiens2, où se déploie aussi toute l'énigme de la tentation3 romanesque.

Ami. H. R. »

Les allusions au mensonge, au masque, à la glace et l'égoïsme concernant Juliette, dont le modèle qu'Henri avait choisi n'était autre que Marcel Jouhandeau, se précisèrent parfaitement, en octobre 2003, lorsqu'il me dédicaça son roman « Un mois chez Marcel Jouhandeau », paru en 1979 au Cherche Midi :

« à Didier Mansuy très amicalement et avec tous mes espoirs pour un futur sans ombres… (Faut-il, aujourd'hui laisser Jouhandeau dans « le linceul de pourpre où dorment les dieux morts ?).

Henri Rode »

Assurément Henri ne voulait pas que l'ombre soit laissée et il souhaitait absolument qu'avec le « cercueil », plein de lettres qu'il m'avait donné, je réveille le dieu, dans son linceul de pourpre4, qu'il avait accompagné douze années. Son voeu, son désir étaient que je dise toute la vérité. Il me le confirma, bientôt encore, à huis clos, avec insistance. Pourquoi m'avait-il confié cette tâche : parce que selon lui (autre dédicace de son roman « La Faible Mortelle » chez Hermé en 1991) : « Cher Didier, les visages de ce monde passent, le vôtre reste ». Et je suis resté jusqu'au dernier jour.

Henri Rode
Henri Rode


1 Juliette dans ce roman n'est autre que Marcel Jouhandeau, et Assunta est Patrice Cauda

2 Henri avait déjà lu certaines de mes petites nouvelles, qui se déroulaient en Egypte, dont celle qui mettait en jeu Khaled que j'avais rencontré lors d'un voyage avec Pierre, à Sharm El Sheik, en janvier 2002. Henri visionnaire me souhaitait ainsi un avenir avec Khaled qui signifie « L'Avenir » en arabe, bien avant que l'histoire ne se stabilise davantage ce qui fut fait en novembre 2005 à Kiev et qu'elle ne capote en novembre 2006.

3 Allusion à mon roman « La Tentation d'Ibiza ».

4 Expression chère à Jouhandeau qu'il utilisa dans plusieurs de ses lettres.

[Retour au sommaire]